RIQUEWIHR ET SON HISTOIRE
RIQUEWIHR : Repères jalonnant l’histoire de la cité
Richo, propriétaire franc, exploite un domaine en ce lieu, d’où le nom de "Richovilla", origine du nom de Riquewihr.
Première mention de ‘Richenwilre’ dans un document ; déjà, Riquewihr se consacre à la viticulture ("possessiones in Riquewihr cum vineis…").
Appartenant au comte de Horbourg, la cité est entourée de murailles et d’un fossé : construction du Dolder et de la Tour des Voleurs (renforcée au 14ème s.).
Les comtes de Horbourg vendent la seigneurie de Riquewihr à leur cousin, le comte Ulrich X de Wurtemberg (Riquewihr sera wurtembergeoise jusqu’en 1796).
Le comte Eberhard de Wurtemberg se fiance puis épouse Henriette de Montfaucon, comtesse de Montbéliard.
Le comte Henri accorde et confirme la charte de liberté des bourgeois ; Riquewihr est capitale des terres wurtembergeoises en Alsace.
Construction de la seconde enceinte fortifiée suite à la généralisation armes à feu.
Organisation de la Corporation des vignerons ("Rebleutzunft").
La Réforme est officiellement introduite par le comte Georges 1er ; l’église de pèlerinage (1337) sera transformée en presbytère et l’église St-Erard (chapelle d’hôpital) en école avec logement du maître.
Construction du château (actuel) par le comte Georges.
Période heureuse ; la cité vit de la production et de la vente de son vin réputé dans toute l’Europe : les belles maisons témoignent de la prospérité de cette époque.
Guerre de Trente ans : la cité est assiégée, livrée au pillage et occupée à plusieurs reprises par les troupes impériales et françaises (1635, 1652) : épidémies, famine, mortalité importante, prise d’otages…
Dans sa "Topographia Alsatiae", Merian évoque Riquewihr et illustre son texte au moyen d'une gravure de la cité.
Suite au Traité de Westphalie (1648), Riquewihr et sa seigneurie deviennent françaises mais restent soumises aux lois et aux coutumes de l’Empire Germanique.
Fortement endetté, l’un des derniers ducs de Wurtemberg emprunte au philosophe Voltaire une somme globale de 540.000 livres (à Berlin) et hypothèque les revenus seigneuriaux, notamment ceux des vignes de Riquewihr.
Les Wurtemberg abandonnent leurs possessions sur la rive gauche du Rhin : cet acte marque le rattachement définitif de Riquewihr à la France.
La Tour des bourgeois (flanc sud) et la Porte du bas de la ville (entrée est) sont détruites : construction de l’Hôtel de Ville de style néo-classique.
Présentant des lézardes sur ses murs, l’ancienne église paroissiale Ste-Marguerite, de style gothique, est rasée : deux nouvelles églises sont construites, une protestante et une catholique.
Suite aux victoires allemandes, l’Alsace est abandonnée par la France et se trouve sous autorité de droit ou de fait de l’Allemagne.
Riquewihr est libéré par les Alliés le 5 décembre 1944.
Découvrez les centres d’intérêt historiques de Riquewihr en survolant les points rouges numérotés ci-dessous :
Une gravure agrandie du Merian (1644) affichée derrière la fontaine du Dolder offre une vue de Riquewihr au milieu du XVIIe siècle : ses collines plantées de vignes, sa double enceinte, ses tours, ses trois églises, son château…
La Tour du Dolder (1291) était l’une des portes fortifiées de la ville et le beffroi de la cité :
– sa façade tournée vers la ville montre un aspect plaisant avec ses étages en encorbellement (1565) aux fenêtres fleuries. Passer sous le Dolder…
– sa face ouest tournée vers l’envahisseur potentiel est sévère : de part et d’autre, on voit le mur fortifié de 1291 ; il est surmonté d’un chemin de ronde, permettant aux bourgeois, armés et mobiles, de défendre leur cité aux points stratégiques.
Direction sud, prendre l’ancien fossé qui longe le mur de 1291 et qui mène à la tour Heller (transformée en habitation) au coin sud-ouest. Monter l’escalier…
…du haut du rempart, vue sur le bastion sud-ouest de 1621 venant renforcer le système défensif à l’approche de la Guerre de Trente ans (1618-1648) ; puis contourner le bastion pour rejoindre l’avenue Méquillet ; vue sur le front ouest avec sa tour de flanquement et le Dolder. Rejoindre la…
…Porte haute fortifiée (traces du pont-levis, et herse en bois de 1536) ; de part et d’autre, se dressant dans l’ancien fossé, on découvre le second mur d’enceinte construit aux environs de 1500 pour protéger la cité suite au développement des armes à feu ; la levée de terre derrière le mur constitue un solide « rempart » résistant aux boulets des bombardes.
Tour des Voleurs (fin XIIIe-début XIVe siècle) : ancienne tour défensive angulaire ayant servi parallèlement de prison et de lieu d’exercice de la justice seigneuriale du temps des comtes de Wurtemberg, nouveaux propriétaires à partir de 1324 (voir leurs armes -bois de cerfs- taillées au haut du chaînage d’angle saillant de la tour). Puis descendre vers l’est…
Le mur nord de 1291 n’a pas été doublé puisqu’il longeait jadis un large fossé alimenté par le « Sembach »; par contre vers 1500, ce mur a été adapté à l’usage des armes à feu. À y voir de près, sur les parties non crépies du mur, on distingue encore les traces de merlons et de créneaux, avec consoles ayant supporté des volets basculant du Moyen-Âge (maison avant la troisième brèche dans le mur).
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Tour d’angle nord-est dite tour des Anabaptistes (1291), puis Tour ronde munie de canonnières, construite en 1615 à l’approche de la Guerre de Trente ans,
Pour compléter le parcours, on peut longer le flanc Est de la ville ; on y découvre, de part et d’autre de l’Hôtel de Ville (1809), le mur de 1500 bien conservé.
Encore un coup d’œil sur le bastion sud-est érigé en 1621 ; s’y dresse « l’Arbre de la Liberté » planté en 1792. Monter sur l’esplanade des remparts : à l’époque révolutionnaire, se célébrait là le « Culte de la Liberté ».
En avançant d’environ 40 mètres sur l’esplanade, on découvre sur la gauche la belle façade orientale du château des Wurtemberg et un petit ensemble lapidaire.
Ce château fut construit par le comte Georges en 1539-1540 dans le style de la Renaissance rhénane de l’époque, avec son pignon crénelé caractéristique et ses nombreuses fenêtres à meneaux (voir aussi le fronton au-dessus de l’entrée à la tourelle d’escalier).
Au pied de la façade orientale du château, le petit ensemble lapidaire conserve des pierres anciennes en relation avec l’histoire de Riquewihr.
Légende :
Enceinte de 1291
Enceinte de 1500
Tour de 1615 et bastions de 1621
À côté des belles demeures, des tours et autres vestiges des anciennes fortifications, ou encore des objets conservés dans nos musées, quelques pierres intéressantes complètent ces témoignages de la riche histoire de notre cité. Rassemblées au pied de la façade orientale du château des Wurtemberg, elles constituent notre « espace lapidaire ».
La meule dressée : s’agit-il d’une meule provenant d’un moulin à huile (noix et amandes) ou d’une meule ayant servi à écraser du minerai de fer ? Cette meule fut découverte au « Rosenburg » au début du 20e dans une parcelle de vigne située au pied de la « Schwaertz », montagne boisée au sud-ouest de Riquewihr. On sait depuis peu qu’il y avait sur cette montagne des mines de fer ; une analyse au carbone 14 d’un bois calciné prélevé sur un site de traitement du minerai indique les dates de 550 à 650.
Des tombes mérovingiennes: une trentaine de squelettes, dans et hors des sarcophages caractéristiques de l’époque mérovingienne, furent découvertes en 1913, non loin de là au lieu-dit « Oberberg », entre vignes et forêt. Il s’agissait apparemment d’un lieu de sépulture des mineurs qui ont travaillé à la « Schwaertz ». On aurait donc tendance à penser que la meule, usée d’un côté, aurait pu servir à broyer le minerai avant d’en extraire le fer dans des bas-fourneaux.
Deux fragments d’une pierre tombale avec inscriptions : ces fragments sont ceux du monument funéraire de la première épouse du comte Henri II de Wurtemberg-Montbéliard, mère du futur duc Ulrich né au château de Riquewihr le 8 février 1487 ; Elisabeth, comtesse des Deux-Ponts y est morte quelques jours après la naissance de son fils et elle fut enterrée dans l’ancienne église Notre-Dame. Ces fragments, retrouvés en 1885, portent l’inscription latine gravée dans la pierre : ANNO…. ARII. OBIIT. GENEROSA. DNA. ELIZABET. COMITISSA. DE. ZWAINBRUCK. NATA. DE. BITSCH…. DNI. HEINRICI. DE. WIRTEMBERG. ET. MOTEBELLIGARDO. CVIVS. ANIMA. REQUIES CA… (« En l’an (1487, le 17 février, est décédée la généreuse dame Elisabeth, comtesse de Deux-Ponts, née Bitsch (épouse de l’illustre) seigneur Henri de Wurtemberg et Montbéliard. Que son âme re(pose en paix). » Un témoignage unique de la présence des Wurtemberg en Alsace dans les seigneuries de Horbourg et de Riquewihr (1324-1796).
Des pierres à bosse des 14e-15e ont été récupérées suite à la pose de canalisations en amont de l’Hôtel-de-Ville où elles avaient servi de fondations à la double tour-porte fortifiée du bas de la ville ; conservées, elles furent montées en muret.
Linteau de porte sculpté: ce linteau non daté porte les armoiries de Riquewihr et est un témoin de l’époque de transition entre la période du gothique tardif et la Renaissance ; aurait-il surmonté la porte d’entrée à l’ancien hôtel de ville du début du 16e qui se dressait au centre de la cité et qui fut démoli pour vétusté au printemps 1789 ?
Autel de la liberté de 1790 (FREYHEITS ALTAR 1790): dressé à l’origine sans doute sur le bastion sud-est, à l’emplacement où deux ans plus tard sera planté l’arbre de la liberté, les citoyens de Riquewihr gagnés aux nouvelles idées y célébraient avec faste les fêtes révolutionnaires et républicaines ; cette pièce remarquable, unique en Alsace, voire en France, fut retrouvée fortuitement en 1884, puis placée au centre de l’ensemble lapidaire et protégée par une dalle en verre.
La suite nous fait découvrir d’autres pierres, souvent datées, mais d’une importance moindre : on remarquera cependant l’ancien fût central de la fontaine du Dolder datant de 1560. Cette pièce a été arrachée accidentellement par un camion de l’armée américaine fin janvier 1945 : le lion héraldique qui se trouvait au sommet de la colonne salue les visiteurs à la montée d’escalier menant au musée du Dolder, la partie inférieure sculptée est conservée dans notre ensemble lapidaire.